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Tourisme responsable : la pollution de l’avion

Bien que le secteur aérien ne représente que 3% des émissions européennes de CO2, ce chiffre ne cesse d’augmenter avec l’explosion du trafic aérien. Entre les vols de moins en moins chers et les connexions de plus en plus nombreuses entre les villes, les voyages en avions se multiplient et deviennent presque une banalité. Pourtant, la pollution et l’impact de l’avion n’ont rien d’anodins et leur impact sur le réchauffement climatique et la qualité de l’air est loin d’être négligeable.

  1. Comment calculer l’impact d’un trajet en avion et plus largement celui du secteur aérien ?
  2. Quelles sont les perspectives et conséquences du secteur aérien sur le réchauffement climatique et la qualité de l’air ?
  3. Conseils et astuce pour réduire cet impact à titre personnel

En 2019 pour la première fois, une compagnie aérienne a fait son entrée dans le top 10 des compagnies les plus polluantes d’Europe jusqu’ici exclusivement réservé à des entreprises exploitant des centrales à charbon : Ryanair. L’entreprise de vols low-cost a déclaré presque 10 mégatonnes d’émission de CO2 pour 2018, quasiment le double par rapport à 2013. Quels sont réellement les impacts du secteur aérien, et comment les éviter à notre échelle ? Edeni tentera de donner quelques réponses à ces questions tout au long de cet article.

Comment calculer l’impact d’un trajet en avion  et plus largement celui du secteur aérien ?

Pour comparer l’impact climatique des différents modes de transport, les chiffres les plus utilisés sont ceux des émissions de CO₂ par voyageur au kilomètre. Avec ce mode de calcul, l’avion est le mode de transport le plus polluant dans des proportions similaires à la voiture et avec des émissions environ 45 fois supérieures au train. Un voyage Paris-Marseille aura par exemple le même impact en avion que pour une personne seule en voiture, mais un impact 45 fois plus important que s’il était réalisé en TGV. On pourrait ainsi penser que l’avion et la voiture ont des impacts similaires.

Pourtant, un second critère à examiner concerne les émissions par heure de trajet : la rapidité de l’avion lui permet d’atteindre des distances lointaines en très peu de temps. Personne n’imaginerait faire un aller-retour Paris-Marseille en voiture dans la journée ou partir en Chine pour cinq jours, alors que l’avion le permet. Le trajet moyen en avion est de 2 400 kilomètres, loin devant les autres transports dont les trajets longue distance sont généralement de 300 kilomètres en moyenne. Or une heure en avion est 13 fois plus émettrice qu’une heure en voiture. Monter à bord d’un avion rendra donc votre trajet 125 fois plus émetteur en moyenne que de monter dans une voiture et plus de 1 500 fois plus émetteur que de monter dans un train.

Calculer son bilan carbone personnel sur une année permet de se rendre compte de ce très fort impact, à l’échelle individuelle, d’un trajet en avion à longue distance. Si l’on s’intéresse cette fois au niveau français, l’impact climatique du transport aérien peut paraître relativement faible : les émissions de CO₂ de l’aérien représenteraient seulement 2,8% des émissions des transports et 0,8% des émissions totales de gaz à effet de serre en 2016. Cependant, ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car seuls les trajets internes à la France sont comptés, les transports internationaux n’étant en effet pas pris en compte. Pourtant, cela multiplierait par six l’impact de l’aérien pour la France avec 13,7% des émissions des transports et 4,4% des émissions totales du pays.

Les méthodes de calculs et les chiffres pris en compte sont donc très variables et diffèrent que ce soit au niveau individuel ou macro, mais l’avion reste de toute évidence un des transports à plus fort impact environnemental, et dont bénéficie seulement une petite partie de l’humanité la plus privilégiée. Seulement 10% de l’humanité a déjà pris l’avion alors que ce sont souvent celles et ceux qui ne le prennent pas qui souffrent en premier de ses effets et externalités négatives. 

Quelles sont les perspectives et conséquences du secteur aérien sur le réchauffement climatique et la qualité de l’air ?

Le transport aérien ne représente que 5% des émissions d’équivalent CO2 mais la croissance de ce secteur est exponentielle. Les émissions provenant de l’ensemble du transport aérien en Europe ont augmenté de près de 5% en 2018. Le 28 juin 2018 pour la première fois 200 000 avions ont volés le même jour dans l’espace aérien avec un pic à 19 000 en même temps dans les airs. De plus, l’Association du Transport aérien international (IATA) prévoit un doublement du trafic de passagers d’ici 2037, ce qui impliquerait une hausse des émissions de 18 %, même en tenant compte de l’amélioration de l’efficacité énergétique.

En plus du CO2 émis par la combustion de kérosène, les avions laissent derrière eux des traînées de condensation avec un puissant effet radiatif, aggravant le réchauffement. En plus de ces effets néfastes sur le réchauffement climatique bien connus de tou·te·s, l’avion a un autre effet nocif, celui-ci largement négligé : la pollution de l’air aux particules fines, en particulier celles liées aux oxydes d’azote. En effet, selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT), la croissance du trafic aérien est deux fois plus dommageable pour la qualité de l’air que pour le climat. Les émissions des avions sont donc responsables d’environ 16 000 décès prématurés dus à une mauvaise qualité de l’air chaque année selon le MIT, et 64 % de ce coût social est le fait des émissions de particules fines dues aux oxydes d’azote.

Les mesures destinées à réduire l’impact de l’aviation, comme l’amélioration de l’efficacité énergétique, les normes d’émission plus strictes ou l’utilisation d’agrocarburants, sont aujourd’hui axées sur la réduction des émissions de CO2. Pourtant, il faudrait également destiner ces mesures à la réduction des émissions de particules fines afin d’améliorer la qualité de l’air, et ne pas réduire les émissions de CO2 au détriment de celles d’oxydes d’azote.

Conseils et astuce pour réduire cet impact à titre personnel

Aujourd’hui, le réel problème des voyages en avion vient du fait que les gens ne se posent plus la question avant de partir en week-end en avion à Madrid, Lisbonne, Athènes ou autre. Il ne devrait pas être si anodin de se rendre à l’autre bout du monde en un temps record. En effet, un Paris – New York représente par exemple 6 000 km, soit 12 000 km pour un aller-retour, donc 3 tonnes de CO2, soit près de la moitié du bilan carbone moyen d’un·e Français·e. L’impact de l’avion est donc très important et paraît être le levier le plus efficace pour réduire nos émissions individuelles.

Attention cependant : l’avion n’est pas toujours le mode de transport le plus polluant suivant les contextes de déplacement. Si vous êtes seul·e dans votre voiture pour un Paris-Lisbonne, vous émettrez autant, voire plus, qu’un passager d’un avion lowcost rempli sur la même distance. D’où l’intérêt du covoiturage pour diviser par 2, 3 ou 4 les émissions par personne lors de nos voyages. Il est temps pour nous de reconsidérer cette mode du « fast-travel », du tourisme de masse, et de la mondialisation accélérée.

C’est pour cette raison qu’en Suède, le mouvement du « flygskam » (la honte de prendre l’avion) ne cesse de grandir. Ce boycott des voyages aériens est un fait remarquable, compte tenu du fait que les Suédois·e·s prennent l’avion près de 5 fois plus que la moyenne mondiale.

Voici quelques conseils et astuces pour vous aider à moins prendre l’avion :

  • Où partir en voyage sans avion :

Montez dans des trains ou dans des voitures en covoiturage, ce qui vous permettra de faire de belles rencontres ! L’Europe cache des régions splendides où vous n’êtes pas encore allé·e·s… les Pouilles ou la Calabre (train de nuit pour Rome depuis Paris), l’Allemagne du Nord près de Rostock sur la Baltique (train de nuit pour Berlin depuis Paris), la Croatie, la Suisse, la Grèce, le pays Basque, l’Orient Express voire le Transibérien ?

  • Les 6 questions à se poser avant de prendre l’avion :

  1. Me souviendrai-je de ce voyage ?
  2. Permettra-t-il un impact positif ?
  3. Vais-je tout faire pour en tirer le maximum de bénéfices ?
  4. Me permet-il de rester intègre et fidèle à mes valeurs ?
  5. Me rend-t-il vraiment heureux·se ou utile ?
  6. Ai-je tout fait pour en minimiser l’impact ?

Si après vous être posé·e toutes ces questions, vous souhaitez prendre l’avion, rappelez-vous que vous n’en perdrez pas pour autant votre légitimité d’engagement. Faites de votre mieux, et si vous vous êtes sincèrement interrogé·e, alors ne vous tourmentez pas inutilement et soyez en paix avec votre décision. Ce n’est pas sur l’individu uniquement que doit reposer cette responsabilité. Ce sont des choix collectifs, industriels, politiques. L’Etat subventionne largement cette industrie. Alors voici quelques conseils pour limiter votre impact en avion.

  • Les gestes pour minimiser son impact lors d’un trajet en avion :
  • Eviter les escales : on brûle plus de kérosène au décollage et à l’atterrissage et les détours consomment davantage.
  • Choisir une compagnie sans scandale.
  • Voyager léger : cela consomme moins de kérosène.
  • Préférer la classe éco : en business ou en première vous prenez plus de place et les sièges, accessoires, nourritures prennent plus de poids.
  • S’organiser pour rester Zéro-Déchet en vol.

 

L’avion, malgré toutes ses qualités, a un impact important sur le réchauffement climatique et la qualité de l’air. Les efforts à faire pour réduire cet impact sont, comme dans de nombreux secteurs, à la fois individuels : réduire ses trajets personnels en avion, et collectifs : réduire les émissions de CO2 et d’oxydes d’azote, taxer le secteur, en interdire la promotion ou les vols quand il en existe une option en train… Il reste donc du chemin à parcourir avant d’arriver à un tourisme en long-courrier réellement responsable.

 

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