Les enjeux du tourisme de masse
Le tourisme de masse est une importante manne financière dans certaines régions du monde, qui bénéficie à toute l’économie locale. Les pays regorgent d’ingéniosité pour attirer toujours plus de touristes, et cette bataille entre les villes se comprend facilement quand on pense au nombre d’emplois que cela apporte.
Toutefois, ces afflux n’ont pas que des externalités positives. En effet, le tourisme de masse pose de nombreux problèmes, le premier étant écologique : selon « The Carbon footprint of the global tourism », il est responsable de quasiment un dixième des émissions de CO2 mondiales. A titre d’exemple, un paquebot de croisière, lorsqu’il fait escale dans le port d’un lieu touristique, pollue autant qu’un million de voitures selon une étude de France Nature Environnement. Sans parler de l’avion, qui rejette en moyenne 360 g équivalents CO2 lors d’un déplacement d’un kilomètre, contre 150 g pour une voiture et 11 g pour un train.
Un autre enjeu du tourisme de masse est qu’il met les animaux sauvages en danger : un rapport de l’ONG World Animal Protection a constaté en 2017 une augmentation de 292% sur trois ans du nombre de selfies avec des animaux sauvages publiés sur Instagram. Or, l’organisation explique que nombre de ces selfies sont en fait des mises en scène avec des animaux capturés et traités avec cruauté pour poser avec des touristes qui ignorent l’ampleur de ces méfaits.
Au-delà des problèmes environnementaux ; cette forme de tourisme rend les villes invivables pour leurs habitant·e·s en les standardisant, mais vide également certains quartiers de leurs habitant·e·s lorsque les logements sont transformés en locations meublées saisonnières pour touristes. Ainsi, Paris est pour Airbnb l’un des premiers marchés du monde avec 65 000 logements revendiqués, ce qui contribue à une augmentation des prix et à une baisse de la population.
Enfin, à cela s’ajoute le fait qu’il menace des sites naturels et historiques : l’Organisation mondiale du tourisme s’inquiète de la menace que représente le flux incessant de visiteurs pour la préservation des grands sites touristiques internationaux.
Le slow travel : qu’est-ce que c’est ?
Face à tous ces fléaux, il en va donc de l’intérêt de la planète de revoir notre manière de consommer le voyage. C’est là qu’intervient le slow travel, ou voyage lent, qui consiste à apprécier la manière dont nous voyageons en étant moins rapide et consumériste. Une manière de voyager alternative basée sur la simple idée de prendre le temps de la découverte.
En effet, selon une enquête Ipsos réalisée dans 4 pays, 53 % des personnes interrogées souhaiteraient lever le pied / ralentir lorsqu’elles visitent un pays, une ville, une région. Tendance encore émergente il y a quelques temps, le slow travel est devenu un réel besoin pour toutes celles et ceux qui souhaitent mieux profiter de leur vie, et contribue grandement au bien-être de notre planète.
Le slow travel propose une alternative aux clichés que l’on peut expérimenter dans un circuit de vacances classique et permet de marquer une pause dans nos vies aux rythmes effrénés. Loin des formules tout compris des voyagistes proposant des produits de masse, le slow travel propose donc de savourer le luxe de prendre son temps, en se séparant de nos Routards, respectant les locaux et leurs lieux de vie. Pour cela, quelques préceptes simples:
- Rencontrer de nouvelles personnes, à l’autre bout du monde ou dans le département voisin, et mieux s’imprégner des lieux
- Voyager tout en participant aux projets de sensibilisation de l’environnement menés par les habitant.e.s : marches vertes, nettoyage des plages et des chalets de montagne…
- Réduire son empreinte écologique en vacances en empruntant des modes de déplacement doux.
- Mieux choisir son logement en favorisant les éco-gîtes ou éco-logements, et consommer local
Vous l’aurez compris, le slow travel est un état d’esprit à adopter. Avant de partir en voyage, il convient de se poser les bonnes questions. Par exemple, pourquoi ne pas planifier vos vacances à l’échelle d’une région ou d’une ville ? Pourquoi ne pas s’établir dans un lieu pour quelques jours, le temps de vraiment s’imprégner de l’endroit, et de se donner l’occasion de faire davantage de rencontres plutôt que de passer une seule nuit sur place ? Une destination n’est jamais la même lorsqu’on la découvre de façon superficielle avec les yeux d’un touriste que lorsqu’on y pose ses valises. L’objectif d’un·e «slow traveler» est de réussir à s’imprégner d’un endroit, de son ambiance et ses coutumes. Vivre comme un·e habitant·e revient souvent à ne pas anticiper : la ou le “slow traveler” laisse place à l’improvisation.
Chez Edeni, nous prônons ce type de non-tourisme : responsable, utile et éthique. C’est une conviction que le ou la voyageur·se porte en lui ou elle : intérêt, respect, politesse et attention envers les populations locales et leurs culture et coutumes.
Un exemple de slow travel : la Hollande à vélo
Pour vous aider à vous lancer dans le slow travel, voici un exemple d’itinéraire testé et approuvé par une des membres de l’équipe : la Hollande à vélo !
C’est le spot idéal pour les familles et les sportifs·ves du dimanche car très pratique pour faire réparer son vélo en cas de pépin, la sécurité est absolue sur les pistes cyclables, les enfants y sont les bienvenus, vous traverserez de charmantes villes et magnifiques paysages et surtout, tout est plat !
Voyager en vélo, c’est aussi apprendre à voyager léger ! Mini kit de survie :
- 1 vélo et 1 kit de réparation (clés,1 pompe et 2 chambres à air de secours)
- 1 imperméable
- 2 paires de basket
- 1 gourde en inox et un kit pique-nique
- 2 pantalons confortables et 4 tee shirts
- 1 petit savon de marseille pour les lessives et la douche
- 3 pulls
- 1 casquette et 1 paire de lunettes de soleil
- 1 trousse de toilette
- 1 serviette qui sèche vite
Le trajet (en version non-slow mais vous pouvez passer plusieurs jours sur place à chaque fois) :
Départ Amsterdam : vous procurer un vélo là-bas sera très facile ! Dans l’idéal ne dormez pas sur place ; Amsterdam fait partie de ces villes qui souffrent du tourisme de masse. Vous pourrez en profiter pour faire un tour de cette jolie ville. Cette visite terminée, vous prendrez le chemin d’Haarlem : 1h15 pour les plus rapides ! Cependant, pour profiter du paysage sur le chemin, prévoyez une marge confortable.
Amsterdam – Haarlem 31 km
1er stop Haarlem : une fois arrivé·e, le centre-ville vous ouvre les bras ! La ballade à pied s’impose !
Haarlem – Leiden 47 km par la plage : une traversée qui en vaut la peine ! Pique-nique à prévoir en amont car on croise peu de restaurants sur le chemin !
2ème stop Leiden : une fois arrivé·e à Leiden, tout comme la veille, il ne vous reste plus qu’à profiter de la ville !
Leiden – Delft via la Haye 26 km
3ème stop Delft : une fois arrivé·e à Delft, prenez le temps de visiter cette ville
Delft – Rotterdam 18 km
4ème stop Rotterdam : Rotterdam est une ville très moderne et vivante. Perdez-vous dans ses grandes rues, vous ne serez pas déçu·e et cela vous changera des autres villes !
Rotterdam – Gouda 30 km (avec de nombreux détours)
5ème stop Gouda : cette ville, réputée pour son fromage à travers le monde, reste assez petite et donc très rapide à visiter.
Gouda – Utrecht 38 km
6ème stop Utrecht : Utrecht, nettement plus grande que Gouda, a un centre-ville assez riche. Promenez-vous, baladez-vous dans les nombreuses ruelles du centre pour découvrir la vie locale.
Utrecht – Amsterdam 35 km
7ème stop Amsterdam : avant de reprendre le train, profitez une dernière fois de l’ambiance hollandaise à travers les rues de la capitale. Attention après le calme de votre séjour, l’agitation et les foules de touristes seront peut-être un peu déstabilisantes !
Si le récit de ce petit périple vous a donné envie, sachez qu’il existe en Europe de nombreux endroits accessibles en vélo. Les euros-routes, se sont 70 000 km de pistes cyclables et 42 pays traversés.
Apprendre à voyager différemment, plus lentement en prenant le temps de profiter et se réfléchir à son impact sera bénéfique à la fois pour la planète, pour les habitant·e·s et pour vous-même. Alors n’hésitez plus à rejoindre la mode du slow travel, et réfléchissez à deux fois avant de réserver votre vol en direction d’un pays envahi par les touristes ! Les solutions sont nombreuses !